À l'ombre de la mine - Tome 1 - Francine et Kristoff by France Lorrain

À l'ombre de la mine - Tome 1 - Francine et Kristoff by France Lorrain

Auteur:France Lorrain [Lorrain, France]
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 9782897585327
Éditeur: Guy Saint-Jean Éditeur
Publié: 2018-10-29T00:00:00+00:00


Chapitre 16

Bouleversée, Jeanne resta allongée dans son lit, les yeux fixant le plafond une partie de la nuit, après le départ de la jeune femme qui avait commis des gestes indécents à son égard. Comment n'avait-elle pas vu ce penchant chez Ann? Elle tentait de revoir les moments depuis leur rencontre où elle aurait pu deviner une telle affection.

— Je sentais bien que quelque chose tournait pas rond chez elle! soupira la rousse. Elle me regardait toujours avec des yeux inquisiteurs. Mais je croyais seulement qu'elle m'enviait parce que j'étais pas infirme. Ohhhh! Quelle honte!

Jeanne passait des sanglots de rage à la colère et à la pure incompréhension. Puis elle se disait que si un jour la mésaventure qu'elle venait de vivre était révélée au grand jour, elle serait répudiée de tous.

— En même temps, j'ai rien fait, moi! pleurait-elle en revoyant le baiser subi, et surtout, le toucher d'Ann dans la partie la plus intime de son anatomie.

Elle éprouvait déjà tellement de timidité lorsque Kristoff s'y attardait, comment pouvait-elle imaginer qu'une jeune femme sache donner de telles caresses?

« Mais Ann a tout faux, songea Jeanne, ses gestes m'ont indisposée! Comment peut-elle penser le contraire? »

Pourtant, même si la femme adorait son mari et savait ne pas vouloir explorer ce genre de relation amoureuse, il n'en restait pas moins que les gestes d'Ann avaient éveillé chez elle une certaine curiosité. Elle essayait d'oublier que la langue de l'autre contre la sienne ne lui avait pas déplu comme il se devait. Ce qui la bouleversait encore plus que tout! Que dirait Kristoff, s'il pouvait lire ses pensées? Depuis les premiers jours de leur mariage, il se moquait du côté pudique de sa femme lorsque des blagues un peu salaces étaient lancées par des hommes de leur entourage. Il lui murmurait parfois à l'oreille qu'elle cachait bien son jeu, elle qui pouvait se transformer en vraie tigresse dans la chambre à coucher. Mais jamais elle n'aurait pu imaginer une telle conséquence à ses idées de luxure.

— C'est décidé, murmura-t-elle, tard dans la nuit. J'irai me confesser demain matin. Sans nommer personne, bien sûr!

Il n'était pas nécessaire que le curé Poirier sache qu'une des villageoises avait de tels penchants impurs. À son réveil à l'aube, Jeanne prit ensuite la décision de téléphoner à Bérangère plutôt que de se rendre au travail. Elle sortit du lit en ayant l'impression de porter tout le poids du monde sur ses frêles épaules. Après avoir tenté de manger un peu, elle décrocha le combiné.

— Bonjour, Théophile, est-ce que je peux parler à Bérangère, s'il vous plaît?

Le mari de sa patronne commença à lui expliquer que la pauvre était allongée avec une douleur lancinante aux jambes. Pouvait-il lui faire le message?

— Je suis malade ce matin. Il me sera impossible d'aller à la librairie. Je suis vraiment désolée de la mettre dans l'embarras. Toutefois, je pense qu'Ann doit arriver vers 10 heures. Ça devrait aller, elle connaît bien le fonctionnement du commerce maintenant.

Théophile répondit avec compréhension.

— Au pire, la librairie sera fermée pour la journée.



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